Santé

Clinique musculo-squelettique : définition et services proposés

Un adulte sur deux rapporte au moins un symptôme de trouble musculo-squelettique au cours de sa vie professionnelle, selon les dernières données de l’INRS. Les douleurs persistantes, souvent banalisées, figurent parmi les principales causes d’absentéisme et de désinsertion professionnelle. Pourtant, la prise en charge reste trop souvent tardive ou inadaptée.

La structuration de l’offre de soins spécialisés répond à une nécessité croissante d’accompagnement global, incluant le diagnostic, la prévention et le suivi personnalisé. Les approches multidisciplinaires évoluent pour s’adapter aux formes variées de ces pathologies et à l’évolution des attentes des patients comme des entreprises.

Comprendre les troubles musculosquelettiques : de quoi parle-t-on réellement ?

Les troubles musculosquelettiques, plus connus sous le nom de TMS, constituent un ensemble large d’affections qui s’attaquent aux muscles, tendons, nerfs, articulations et disques intervertébraux. Pas de profil type : il n’existe pas de terrain réservé, chaque métier peut être concerné. Derrière la caisse d’un supermarché, devant un écran, sur un chantier ou au chevet d’un patient, nul n’est réellement à l’abri. Dès lors que les contraintes s’accumulent et se répètent, le syndrome musculosquelettique guette.

Pour mieux saisir l’origine de ces troubles, voici les principales familles de facteurs qui les favorisent :

  • Mécanique : gestes répétés, postures statiques, exposition aux vibrations ou au froid.
  • Psychologique : tensions au travail, conflits, manque de reconnaissance, environnement dégradé.
  • Individuel : âge, sexe, antécédents de santé, état général.

La variété des muscles, tendons et articulations mis à rude épreuve explique la diversité des symptômes : douleurs lancinantes, raideurs, fourmillements, perte de force. Lorsque le diagnostic tarde, le quotidien s’alourdit, et le risque d’aggravation s’installe. Interroger le contexte professionnel, l’histoire médicale et l’état psychologique s’avère incontournable pour cerner le problème. La prévention, elle, ne peut faire l’impasse sur l’ergonomie du poste et la qualité des conditions de travail.

Pourquoi les TMS ont-ils un impact majeur sur la vie quotidienne et professionnelle ?

La douleur liée aux TMS sait se rendre envahissante. Une épaule qui coince, un poignet douloureux, des lombaires en feu : ces manifestations finissent par miner l’autonomie et la vitalité. L’accumulation des gestes, la répétition des efforts, l’immobilité forcée au poste de travail transforment une gêne passagère en handicap persistant.

Le travail n’y échappe pas. Les arrêts de travail pour TMS se multiplient, dans le BTP comme le transport, le commerce, l’agroalimentaire ou la propreté. Les entreprises du secteur métallurgique ou de l’aide et soins à la personne (en EHPAD, notamment) voient les déclarations d’incapacité augmenter. Pour certains, ces épisodes débouchent sur la perte du travail. Les répercussions ne touchent pas que l’organisation : la santé mentale des salariés vacille aussi sous la pression.

Les risques professionnels liés aux TMS infiltrent toutes les strates de l’entreprise. Côté salarié, la peur de ne plus pouvoir assurer son poste s’ajoute à la souffrance physique. Côté employeur, l’absentéisme, la désorganisation et la perte des compétences font vaciller la stabilité. La Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) l’atteste : ces pathologies frappent fort et souvent, dans de multiples secteurs.

Pour mieux visualiser les conséquences des TMS, voici les principaux impacts recensés :

  • Douleurs chroniques : gestes du quotidien limités, autonomie réduite.
  • Arrêts de travail : implications humaines et financières lourdes pour les entreprises.
  • Handicap durable : bouleversements dans la vie sociale et professionnelle.

Groupe de personnes faisant des étirements en gym de rééducation

Prévention, accompagnement et ressources : comment agir face aux troubles musculosquelettiques ?

La priorité reste la prévention. Observer l’organisation du poste, fournir des équipements adaptés, instaurer des pauses régulières : ces mesures simples limitent déjà l’exposition aux facteurs à risque. La médecine du travail joue un rôle clé aux côtés des employeurs et des salariés : repérer les situations à risque, proposer des solutions concrètes, réaménager les espaces, encourager l’échauffement ou l’activité physique adaptée.

Si les symptômes s’installent, la prise en charge s’organise autour d’un diagnostic précis, généralement posé par le médecin généraliste. Selon les cas, une orientation vers l’orthopédie, la physiatrie ou la neurochirurgie peut s’avérer nécessaire. Les traitements combinent antalgiques, anti-inflammatoires, infiltrations, phases de repos, adaptation des tâches, et séances de rééducation. Dans certains cas, le recours à une orthèse de soutien vient compléter le dispositif.

Pour les situations complexes, la clinique musculo-squelettique propose une prise en charge structurée. L’équipe pluridisciplinaire, physiothérapeute, ergothérapeute, technologue en physiothérapie, travailleur social, évalue chaque situation, construit un plan d’action sur-mesure et assure un suivi rapproché. Ces services, accessibles via les centres de répartition des demandes de service (CRDS), s’appuient sur la coordination entre Santé Québec et l’Institut de la pertinence des actes médicaux (IPAM).

Les principales modalités d’action à retenir :

  • Aménagement ergonomique des postes
  • Suivi médical et rééducation individualisée
  • Accompagnement psychosocial

Face aux TMS, la mobilisation collective dessine un nouveau quotidien au travail, où chaque geste compte et où l’attention portée au corps devient l’affaire de tous. Les réponses existent, à condition de ne pas attendre que la douleur fasse la loi.