Facteurs génétiques des jumeaux : le rôle du père et de la mère
Chez l’être humain, la probabilité d’avoir des jumeaux varie selon l’origine génétique, mais elle dépend aussi du parent concerné. Contrairement à une croyance répandue, les gènes du père ne jouent pas le même rôle que ceux de la mère dans la survenue de grossesses gémellaires.
Des écarts marqués distinguent les facteurs menant à la naissance de vrais jumeaux de ceux qui président à l’arrivée de faux jumeaux. Les recherches récentes bousculent les idées reçues : certaines maladies héréditaires et mutations génétiques influent directement sur la probabilité de concevoir des jumeaux, remettant en question des certitudes longtemps tenues pour acquises sur l’héritabilité des naissances multiples.
Plan de l'article
Comprendre les différents types de jumeaux et leur origine
La gémellité intrigue autant qu’elle prête à confusion. Deux grandes familles existent. D’un côté, les jumeaux monozygotes, ou « vrais jumeaux » : ils naissent d’un seul ovule fécondé par un spermatozoïde. L’œuf obtenu se divise, donnant deux embryons au patrimoine génétique identique. Le plus souvent, ils partagent le même placenta, parfois même un sac amniotique, ce qui accroît le risque de complications, notamment le fameux syndrome de transfusion fœto-fœtale.
À l’opposé, les jumeaux dizygotes résultent d’un phénomène appelé poly-ovulation. Deux ovules différents, fécondés séparément, aboutissent à la naissance de deux enfants aussi « différents » que des frères et sœurs ordinaires. Chacun a son propre code génétique, son placenta, son sac amniotique. Ce même processus, amplifié, explique aussi l’arrivée de triplés ou plus : la mécanique de la grossesse multiple à l’œuvre.
Trois paramètres principaux influent sur la fréquence des naissances gémellaires :
- L’âge de la mère : après 35 ans, la probabilité grimpe nettement.
- Le recours aux traitements de fertilité tels que la fécondation in vitro (FIV) ou les stimulations ovariennes.
- La transmission génétique du côté maternel.
Les études confirment : c’est la mère qui porte la clé de la poly-ovulation, ce qui augmente les chances d’avoir des jumeaux dizygotes. Le père, lui, ne joue qu’un rôle de relais, transmettant éventuellement ce potentiel à ses filles.
En France, le rythme des naissances multiples a doublé en quarante ans. L’explication : progrès médicaux, retards de maternité, et un suivi renforcé. Plus de 13 000 grossesses gémellaires sont enregistrées chaque année, selon la Fédération Jumeaux et Plus, un chiffre qui place notre pays dans la moyenne européenne.
Le rôle du père et de la mère dans la transmission génétique : démêler le vrai du faux
Autour de la génétique des jumeaux, les fausses certitudes résistent. Ce qui compte, c’est le rôle central de la mère dans la capacité à donner naissance à des jumeaux dizygotes. Tout part de la poly-ovulation : la libération de plusieurs ovules en un seul cycle, une disposition qui se transmet de mère en fille, favorisant l’apparition de « faux jumeaux » dans la lignée.
Le père, lui, n’a pas d’action directe sur la gémellité dizygote chez ses propres enfants. Par contre, il peut passer ce trait à ses filles, qui pourront ensuite être concernées par la poly-ovulation. Concernant la gémellité monozygote, née d’une division embryonnaire imprévisible, la génétique familiale ne pèse quasiment pas. Ici, le hasard s’en mêle, sans logique héréditaire détectée à ce jour.
Les ouvrages de référence, de René Zazzo à Muriel Decamps, sont unanimes : le patrimoine génétique maternel reste le levier principal des grossesses gémellaires. L’apport du père se limite à une transmission indirecte, via ses filles. Les relations parentales, qu’elles soient centrées sur la mère, ou que le père entre en scène, n’influencent pas la biologie de la gémellité. Elles n’en sont pas moins déterminantes dans la construction psychique des enfants issus d’une même grossesse, confrontés tôt à la rivalité comme à la nécessité de s’affirmer individuellement.
Maladies héréditaires, idées reçues et conseils pour aller plus loin
Les maladies génétiques posent autant de questions que la gémellité elle-même. Chez les vrais jumeaux issus d’un même ovule, le patrimoine génétique est identique, en théorie. Mais des différences parfois marquées apparaissent : l’environnement utérin ou de petites mutations survenues après la séparation embryonnaire introduisent de la diversité, là où l’on attendait la copie conforme. Les faux jumeaux, eux, partagent une fratrie mais seulement la moitié de leurs gènes, comme tous frères et sœurs nés à des périodes différentes.
La transmission des maladies héréditaires suit des règles strictes qui ne dépendent pas du fait d’être jumeaux ou non. Certaines pathologies, telles que la mucoviscidose ou l’hémophilie, sont dues à une transmission récessive ou liée au chromosome X. La trisomie 21, plus fréquente dans les grossesses multiples, est provoquée par une anomalie chromosomique, sans rapport avec l’hérédité classique. Pour les jumeaux monozygotes, le risque de développer ces maladies est identique ; chez les dizygotes, la probabilité varie pour chaque enfant.
Il subsiste plusieurs idées reçues à dépasser. Non, avoir des jumeaux dans la famille n’augmente pas automatiquement les risques de toutes les maladies génétiques. Oui, il arrive que les caryotypes diffèrent si une anomalie se produit après la conception. Face à une grossesse gémellaire jugée à risque, les professionnels de santé recommandent un accompagnement sur mesure : conseil génétique, dépistage spécifique, suivi renforcé.
Pour mieux appréhender ces situations, voici quelques recommandations utiles :
- Demandez un bilan génétique personnalisé en cas d’antécédents familiaux.
- Consultez un spécialiste si une anomalie est détectée lors du suivi de grossesse.
- Restez attentif aux recommandations pour limiter le risque de mortalité périnatale, plus élevé lors des grossesses multiples que pour une grossesse simple.
La gémellité, loin d’être une simple affaire de hasard ou de hérédité, s’inscrit dans un jeu d’influences où la biologie, la généalogie et la médecine se croisent. Derrière chaque paire de jumeaux, il y a une histoire singulière, et toujours, cette part de mystère qui résiste à la génétique.
